Expéditeur |
Conversation |
Lejumeau |
Envoyé le : 15/11/2022 11:23
|
Plume de platine Inscrit le: 8/4/2020 De: Envois: 2350 |
Une blessure de Juillet (94) Je la devinais immobile, contre mon lit Occupée à m’observer bien qu’il fasse noir Elle n’avait pas fait le moindre bruit pour entrer Un doux déclic et sa présence me réveillait Elle chuchotait tendrement: " Bonjour, mon chéri. Je te regarde. " - Mais tu ne peux pas me voir, maman, il n’y a pas de lumière - Mais si, mon homme. Qu’est-ce que tu fais donc des yeux du coeur Je t’aime et je te vois comme si j’étais aveugle Écoute, mon poème
Voici le roi soleil La brise s’éveille La riche mélopée du merle Fête la floraison charnelle Le perce-neige en est la fleur Au printemps de la chandeleur
D’autres fois, elle allumait ma lampe de bureau et s’asseyait S’étalaient alors des magazines féminins de tous bords Les tops models à la manque l’exaspéraient Elle en faisait très souvent le procès dans son journal: " Femme et Liberté "qu’elle avait tout de même réussi à fonder Avec le concours de deux autres femmes Une femme de lettres, la receveuse des postes Et une assez vieille dame, mademoiselle Philippe Qui s’était découvert la soixantaine passée, une passion pour l’écriture Vocation qui n’était d’ailleurs pas sans fondement Puisqu’elle avait à charge après l’avoir fondée, la bibliothèque municipale J’enfonçais ma tête de côté sur le traversin pour mieux voir maman Puis est venue l’inquiétude, au sujet de sa santé
Elle écrivait depuis peu avec lenteur, raturait avec violence Elle avait l’air de s’en vouloir de ne pas trouver assez vite Bien trop souvent le mot juste, la phrase clef Physiquement j’étais devenu petit homme. L’éclatante beauté de ma mère me frappait Je me demandais comment mon père et elle Avaient pu se résigner à la mutilation de leur existence commune Papa, devenait muet, son regard était celui de l’absence Maman ne savait plus que sourire qu’avec douleur
Quand je suis rentré de l'école, personne Dans sa chambre plus d'affaires de maman Elle avait quitté le domicile sans rien dire Dès cet instant je suis devenu un adulte Orphelin d’une mère et d’un père en vie Abandon, un mot qui sonne comme un Bourdon Une blessure de juillet
|
|
|
Nacy |
Envoyé le : 15/11/2022 11:44
|
Plume d'or Inscrit le: 27/4/2013 De: Envois: 1212 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonjour , très émouvant ,une blessure inguérissable !!!!! NACY
|
|
|
Sphyria |
Envoyé le : 15/11/2022 11:47
|
Mascotte d'Oasis Inscrit le: 25/4/2021 De: France Envois: 29455 |
Re: Une blessure de Juillet (94)
|
|
|
Sybilla |
Envoyé le : 15/11/2022 13:36
|
Modératrice Inscrit le: 27/5/2014 De: Envois: 98306 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonjour Daniel, C'est bouleversant d'émotions poignantes ... ! J'ai été très émue en lisant ton récit poétique et j'ai des larmes aux yeux ! Merci infiniment pour ces confidences intimistes qui touchent les coeurs ! Douce journée cher ami poète! Toutes mes amitiés Prends bien soin de toi ! Sybilla ---------------- Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.
Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)
|
|
|
Sympatique |
Envoyé le : 15/11/2022 13:52
|
Plume de diamant Inscrit le: 4/5/2014 De: Ailleurs .... Envois: 15048 En ligne |
Re: Une blessure de Juillet (94) émouvant
|
|
|
RomaneJones |
Envoyé le : 15/11/2022 15:09
|
Plume de platine Inscrit le: 6/12/2019 De: Gironde Envois: 3289 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonjour Daniel Emue par cette lecture... Tes mots disent tant dans cette poignante page de vie! Mon père a porté toute sa vie une même blessure...Celle de l'abandon... Magnifique poésie écrite à l'encre de la souffrance intérieure Amitiés Romane
|
|
|
Lejumeau |
Envoyé le : 15/11/2022 16:14
|
Plume de platine Inscrit le: 8/4/2020 De: Envois: 2350 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonjour à tous. Je vais venir vous remercier
Prochainement je vous offrirai des pages de vie plus ensoleillées, c'est une promesse. J'avais ce besoin de vider mon sac à dos, il y a des jours où il pèse lourd. Je rencontre beaucoup de gens et je me rends bien compte que je suis loin d'être seul à partager une histoire d'adolescent. Ce qui peut être réconfortant. Mais je vois sur des sites que la vie c'est aussi un poème. Pour ma part ce serait un roman. J'aime les pages de vie, celles qui contiennent une part de vérité, il faut ne pas trop en dire, au lecteur de s'attarder entre les lignes et certains se retouve dans l'histoire. Tu vois, Romane tu évoques ton père.... A vous lire mais pas toujours à vous commenter, j'ai comme un remerciement à vous faire, vous m'offrez de l'encre et certains me font écrire des nouvelles, voire des romans.
Romane, je ne souffre pas, mais parfois quand j'ai de la peine je me soigne en caressant la page avec mon stylo Un grand merci à vous qui commentez, mais sachez que je suis sur un clavier que les jours de pluie Amitié
|
|
|
berrichonne |
Envoyé le : 15/11/2022 16:20
|
Plume de diamant Inscrit le: 17/6/2008 De: Envois: 17225 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Tu as bien fait de vider ton sac Daniel. Écrire sert à cela, se décharger de ses maux. Et puis du coup devenir spectateur à du bon aussi. Beau jour à toi. Mes amicales pensées L 'amie des ondes. ---------------- La vie est belle il faut savoir l'apprécier.
|
|
|
Nataraja |
Envoyé le : 16/11/2022 10:51
|
Mascotte d'Oasis Inscrit le: 17/10/2010 De: France Envois: 5520 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Être abandonné pour l’enfant que tu étais est une blessure comme une plaie ouverte qui ne guérit jamais . Un père qui n’en prend peut-être pas la mesure pour son enfant et voilà , des traumatismes pour la vie ... Merci Daniel pour cet émouvant poème et, cependant tout en tendresse dans la mélancolie à un certain niveau ... Amitiés Nat ---------------- Les haillons de l’amour ne se reprisent pas . Nataraja.
|
|
|
elhousaini |
Envoyé le : 16/11/2022 14:11
|
Mascotte d'Oasis Inscrit le: 30/11/2014 De: Envois: 8089 |
Re: Une blessure de Juillet (94) On ne voit bien qu'avec le coeur L'essentiel est invisible pour les yeux. Sublime poésie du cœur A lire et à apprécier avec le coeur. Merci Daniel.
|
|
|
cyrael |
Envoyé le : 16/11/2022 17:50
|
Mascotte d'Oasis Inscrit le: 30/10/2005 De: **** Envois: 84082 |
Re: Une blessure de Juillet (94)
terrible est ce vécu pour l'enfant qui n'a plus sa maman avait elle donc besoin de partir ? nul ne sait pourquoi.. Mais, l'enfant _____resté là ....hélas, va souffrir...
Toute la vie, il sera marqué difficile de survivre quand le coeur est brisé..
---------------- l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo
|
|
|
yoledelatole4 |
Envoyé le : 16/11/2022 17:56
|
Modérateur Inscrit le: 15/3/2010 De: là où personne ne revient .... Envois: 32543 |
Re: Une blessure de Juillet (94) bonjour , un poème vraiment poignant et écrit tout en délicatesse et pudeur une très belle lecture mes amitiés Yohann ---------------- la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur , qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur , yohann
|
|
|
EvilFranck |
Envoyé le : 20/11/2022 17:12
|
Plume de diamant Inscrit le: 8/7/2013 De: Pandore Envois: 69590 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonsoir Lejumeau, poignant récit poétique à cœur ouvert Amicalement ---------------- La poésie, c'est comme la cuisine, le mot faitout
00063312-1
|
|
|
anonyme |
Envoyé le : 20/11/2022 17:44
|
|
Re: Une blessure de Juillet (94) Je suis sans voix devant cette déchirure...devant cette blessure.. C'est sidérant ce poème sous votre plume. Mon amitié
TAREK
|
|
|
Lejumeau |
Envoyé le : 17/12/2022 10:30
|
Plume de platine Inscrit le: 8/4/2020 De: Envois: 2350 |
Re: Une blessure de Juillet (94) Bonjour et merci à tous Ne soyez pas inquiet tout va bien, il me reste tout simplement une cicatrice, qui parfois me rappelle l'enfance... Ce qui me permet d'écrire et de penser que la vie est belle quand on l'écrit soi-même. Encore merci, vos commentaires m'offrent de l'encre. Amitié
|
|
|