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Réjouissance (Dilatation complète sur le poème de V. Hugo) RÉJOUISSANCE
Comme promis, je vous propose en version complète, ma dilatation sur le poème intégral "L'aurore s'allume", de Victor HUGO, avec le texte original de l'auteur, à la suite de mon exercice de style.
L'aurore doucement dans les guérets s'allume ; L'ombre épaisse vaincue, indifférente fuit ; Le rêve clandestin et l'insondable brume Vont rejoindre les lieux où repose la nuit. Paupières en sommeil et pétales de roses S'ouvrent timidement, bien qu'encor demi-closes ; Du réveil paresseux dont d'innombrables choses On entend, malgré tout, le reliquat du bruit.
Tout chante, s'illumine, s'orne et puis murmure, Tout s'éveille à la vie et tout parle à la fois, Fumée dans les bories, nuances de verdure, Les nids, pleins d'oisillons, suspendus sous les toits ; Le vent léger s'infiltre et soyeux parle aux chênes, L'eau parle bienveillante aux coquettes fontaines ; Toutes les effluves, l'ensemble des haleines Deviennent l'alchimie de délectables voix.
Tout reprend son attrait et révèle son âme, L'enfant dans le berceau agite son hochet, Le foyer y retrouve épanouie sa flamme, Le luth recouvre aussi son fascinant archer ; Folie d'enchantement ou occulte démence, Dans le monde éveillé l'entrain devient immense, Chacun en mouvement avec soin recommence Ce qu'empressé la veille encore il ébauchait.
Qu'on pense avec sagesse ou que d'instinct on aime, Sans cesse au sentiment, au bon goût agité, Vers l'accomplissement, cherchant le but suprême, Tout vole, s'amalgame, au destin emporté. L'esquif dans le ressac est en quête d'un môle, L'abeille s'évertue à trouver un vieux saule, La boussole s'y perd pour estimer le pôle, Moi, en ingénuité, j'envie la vérité.
II
Vérité intangible et vérité profonde ! Granit indélébile au support éprouvé Qu’au fond indéfini envahissant toute onde Mon ancre téméraire en constance a trouvé ! De ce monde labile, inquiétant et bien sombre Où passent fugitifs, inattendus dans l’ombre Des songes disloqués, capricants et sans nombre, Plafond aléatoire, éphémère pavé !
Vérité embellie au griffon du beau fleuve Que rien ne vient troubler, qu’aucune eau ne tarit ; Source de poésie où la splendeur s’abreuve, Tige décorative où tout, autour, fleurit ! Lampe d’enchantement que Dieu bienveillant pose Près de cette nature en servant toute cause ! Clarté de sainteté qu’avec bonheur la chose Envoie avec pudeur au souffle de l’esprit !
Arbre majestueux couvert de rude écorce, Chêne au vernis pâli orné d’un vaste front, Que selon ses besoins ajoutés à sa force L’homme ploie à dessein ou bien encore rompt, D’où l’ombre projetée sur le gazon s’épanche ; Où chacun à l’envi de son plein gré se penche, L’un ayant adopté le choix sur une branche, L’autre ayant décidé que ce serait le tronc.
Mont inimaginable où tout chante et ruisselle ! Gouffre considérable où tout vient et s’en va ! Sublime, lumineuse, imposante étincelle Que fait surgir, soudain, au charme Jéhova ! Rayon opalescent qu’on loue ou qu’on blasphème ! Œil calme inquisiteur et vision suprême Qu’au front de Dieu troublé, dans le désordre même L’homme cruellement à son destin creva !
III
Ô Terre généreuse ! ô palpables merveilles Dont l’éclat nous parvient et résonne joyeux, Emplit avec pudeur nos sensibles oreilles, Eblouit de fraîcheur et de grâce nos yeux ! Bords finement brodés où meut l’instable vague, Bois bien luxuriant qu’un subtil souffle élague, De l’horizon serein, à la fois pur et vague, Plis de raffinement et de mystérieux !
Azur évanescent où languide se voile L’eau incommensurable issue du gouffre amer, Quand, momentanément, laissant libre ma voile Fuir paresseusement, guidée au gré de l’air, Penché, contemplatif, le regard sur la lame, J’écoute avec l’égard et l’étendue de l’âme Cet appel envoûtant, plaisant épithalame, Que chante incessamment le soupir de la mer.
Azur de connivence à l’aspect non moins tendre Du ciel épanoui qui s’épanche et sourit Quand les sens en éveil, aussi tâchant d’entendre, Je cherche et je surveille, ô divine nature, Ce qu’intuitivement peut me dire l’esprit ; La parole, souvent, est cette chose obscure Que le vent éparpille et sibyllin murmure, Que l’étoile saisit et sur mon front écrit.
Création transcendante et d’une force pure ! Être d’exception, emblème universel ! Océan colossal, titanesque ceinture De tout qui sur la terre opère sous le ciel ! Astres vertigineux que du lointain fait naître Le souffle vénérable et consacré du maître, Fleurs de félicité où Dieu même, peut-être, Cueille en ce nirvâna quelque rarescent miel.
IV
Ô champs luxuriants ! ô bienfaisants feuillages ! Monde da vastitude au profil fraternel ! Clocher bien rassurant et fleuron des villages, Humble décor de foi, vétuste, solennel. Mont s’élevant au ciel et qui fier porte l’aire ; Aube fraîche drapant une atmosphère claire ; Sourire familier, bien qu’il soit éphémère, De l’astre nourricier, ornement éternel.
N’êtes vous « création » qu’un insondable livre Sans fin, reconductible et n’ayant ni milieu, Où chacun confronté à un sursis pour vivre Cherche, persévérant, comment y lire un peu ! Phrase spéculative et pourtant si profonde Qu’en vain, désabusé, en tout temps on la sonde ; L’œil y voit un miroir ou bien y voit le monde, L’âme arbitre en silence et elle y trouve Dieu.
Beau livre hallucinant d’apparences qu’achèvent Les cœurs obéissants, soumis et ingénus, Où les penseurs se ruent et bien crédules rêvent Des sens se bousculant, la plupart inconnus ; Où ceux que Dieu lui-même attentionné charge D’un front compatissant, à la fois vaste et large, Ecrivent en créance, ordonnés et en marge : Nous avons entendus, nous sommes tous venus.
Saint livre inestimable où la mutine voile Qui flotte élégamment en tous temps, en tous lieux, Saint livre ésotérique où se cache l’étoile Qui rayonne anonyme en s’offrant à nos yeux, Ne trace tourmenté, ô consacré mystère, Qu’un nom libérateur, singulier, solitaire, Qu’un nom qui se répand aux sources de la terre, Qu’un nom ressuscité, lumière dans les cieux.
Livre authentique, rare autant que salutaire, Où le cœur attendri dans l’engouement s’emplit, Où tout sage exercé, pénétré et austère Travaille vaillamment, mais aussi en pâlit, Dont le sens épineux, délicat et rebelle, Parfois inespéré à l’esprit se révèle. Pythagore assidu avec humour épelle Et Moïse attentif, charismatique : lit !
ANDRÉ __________________
L'AURORE S'ALLUME
Poème original de Victor HUGO
I
L'aurore s'allume ; L'ombre épaisse fuit ; Le rêve et la brume Vont où va la nuit ; Paupières et roses S'ouvrent demi-closes ; Du réveil des choses On entend le bruit.
Tout chante et murmure, Tout parle à la fois, Fumée et verdure, Les nids et les toits ; Le vent parle aux chênes, L'eau parle aux fontaines ; Toutes les haleines Deviennent des voix !
Tout reprend son âme, L'enfant son hochet, Le foyer sa flamme, Le luth son archet ; Folie ou démence, Dans le monde immense, Chacun. recommence Ce qu'il ébauchait.
Qu'on pense ou qu'on aime, Sans cesse agité, Vers un but suprême, Tout vole emporté ; L'esquif cherche un môle, L'abeille un vieux saule, La boussole un pôle, Moi la vérité !
II
Vérité profonde ! Granit éprouvé Qu'au fond de toute onde Mon ancre a trouvé ! De ce monde sombre, Où passent dans l'ombre Des songes sans nombre, Plafond et pavé !
Vérité, beau fleuve Que rien ne tarit ! Source où tout s'abreuve, Tige où tout fleurit ! Lampe que Dieu pose Près de toute cause ! Clarté que la chose Envoie à l'esprit !
Arbre Ă rude Ă©corce, ChĂŞne au vaste front, Que selon sa force L'homme ploie ou rompt, D'oĂą l'ombre s'Ă©panche ; OĂą chacun se penche, L'un sur une branche, L'autre sur le tronc !
Mont d'où tout ruisselle ! Gouffre où tout s'en va ! Sublime étincelle Que fait Jéhova ! Rayon qu'on blasphème ! Oeil calme et suprême Qu'au front de Dieu même L'homme un jour creva !
III
Ô Terre ! ô merveilles Dont l'éclat joyeux Emplit nos oreilles, Eblouit nos yeux ! Bords où meurt la vague, Bois qu'un souffle élague, De l'horizon vague Plis mystérieux !
Azur dont se voile L'eau du gouffre amer, Quand, laissant ma voile Fuir au gré de l'air, Penché sur la lame, J'écoute avec l'âme Cet épithalame Que chante la mer !
Azur non moins tendre Du ciel qui sourit Quand, tâchant d'entendre Je cherche, ô nature, Ce que dit l'esprit, La parole obscure Que le vent murmure, Que l'étoile écrit !
Création pure ! Etre universel ! Océan, ceinture De tout sous le ciel ! Astres que fait naître Le souffle du maître, Fleurs où Dieu peut-être Cueille quelque miel !
IV
Ô champs ! ô feuillages ! Monde fraternel ! Clocher des villages Humble et solennel ! Mont qui portes l'aire ! Aube fraîche et claire, Sourire éphémère De l'astre éternel !
N'êtes-vous qu'un livre, Sans fin ni milieu, Où chacun pour vivre Cherche à lire un peu ! Phrase si profonde Qu'en vain on la sonde ! L'œil y voit un monde, L'âme y trouve un Dieu !
Beau livre qu'achèvent Les coeurs ingénus ; Où les penseurs rêvent Des sens inconnus ; Où ceux que Dieu charge D'un front vaste et large Ecrivent en marge : Nous sommes venus !
Saint livre où la voile Qui flotte en tous lieux, Saint livre où l'étoile Qui rayonne aux yeux, Ne trace, ô mystère ! Qu'un nom solitaire, Qu'un nom sur la terre, Qu'un nom dans les cieux !
Livre salutaire Où le cour s'emplit ! Où tout sage austère Travaille et pâlit ! Dont le sens rebelle Parfois se révèle ! Pythagore épelle Et Moïse lit !
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FIN
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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)
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