Bruyère
Une jolie brunette aux mille capacités, jadis la fille chérie de sa mère
Chouchou choyée, la protégée de ses frères
Chez mademoiselle, une joie d’être vite décelée
Orpheline bien entourée, les sœurs la couvent pour sa bonne volonté
Éprise par un amour aveugle, laissant sa passion derrière
Le théâtre, une chance de carrière
Des louanges altérées par un amant froid
Le début d’un calvaire
Cherchant à comprendre les raisons de son choix
Lui manque ses parents, à chaque jour une prière
De cette corrélation, des forces descendantes
L’indomptable bienfaiteur, la courageuse vaillante
L’aventurière combattive, la comique enjouée
Des enfants prodiges dotés de grandes qualités
Dans ce noyau familial, humiliations et injures
Arrivent trop souvent, elle l’assure
Elle plie bagage, avant d’y laisser sa peau
Laissant ces deux dernières pour un temps
Elle doit seulement
Une deuxième fois, repartir à zéro
Elle trouve le bonheur auprès d’un homme bon
De cette union plus béate, un dernier fiston
Des moments heureux et des éclats de rires
Et déjà de petits enfants qui la font sourire
S’amènent de rudes épreuves inattendues
Carrosserie fracassée, sa plus jeune envolée
Maladie dégénérative, son mari et ses frères emportés
Mais reste toujours
La tristesse d’une fillette, d’une sœur, d’une épouse et d’une maman abattue
Angine de peine, fréquemment son cœur bat tel un tambour
Elle doit changer d’air et d’adresse
Les palmiers et la chaleur lui procure du bien
Elle s’active sur la scène et devient la femme d’un aisé musicien
Des rêves réalisés, on la traite comme une princesse
S’estompe ce conte de fée, elle revient vers les siens
Avec une santé plus frêle, elle le sait bien
Après plusieurs saisons
Seule à la Volière, dans son salon
Avec ses quatre-vingt-un ans d’usure, elle s’ennuie
Pour passer les heures, elle se remémore des instants en famille
Elle pleure encore sa défunte progéniture, sa fille
Le bon vieux temps lui manque et trouve très courte cette vie
S’élevant de son corps trop vieilli, elle part
Là où sont les anges
Dans un monde sans terre
Ni souffrance, ni cafard
Où règne paix et lumière
Sans elle dans nos vies, tout change
Heureusement, des souvenirs emmagasinés
Des clichés plein les tiroirs aussi
Évoquant tendresse et coquetterie
De précieux conseils en héritage, elle nous a donnés
Et déposé dans nos âmes, plus forte cette poésie
Elle a imprégné en nous, sa bonté et son amour
Sa générosité et son humour
Ce souffle chaud comme un vent doux sur moi
Me laisse croire que c’est toi
Ma chère Bruyère
Ma perle envolée, ma grand-mère
Au nom de tes proches, je te dis
Merci à l’infini
De ta petite fille
Écrit par Sajo le 4 mai 2007
Voici ma grand-mère Denise sur la scène
(Son nom de fille Bruyère)