Plume de soie Inscrit le: 20/7/2021 De: Envois: 69 |
La Petite Dame Noire La Petite Dame Noire Atteint de sa vie le soir : Le membre tremblant, Le regard fuyant, Posée sur la table Sous mon œil affable, Tombée sur le flanc Et se relevant. J'écris tout le temps De son agonie.
Aventurière des pages, Je te vois lexicophage : Tes membres s'agitent, Tes membres palpitent, Tu trébuches encore, Tu changes de port. Toi, pudique enfant, Tournée vers l'orient, J'écris tout le temps De ton agonie.
Chatouilleuse et solitaire, Tu as de bonnes manières : Tu caches tes maux, Tu tournes le dos, Tâchant d'être propre Quand tu seras morte. Sur le dos échouant, Pattes s'agitant. J'écris tout le temps De ton agonie.
Toi moribonde assistée, Je t'ai fait te redresser. A présent debout, Tu dresses le cou, Penchée en arrière, Le corps de travers. Tu t'en vas tombant : Fin de ton tourment ? J'écris tout le temps De ton agonie.
Tes muscles vont se crispant, Tes geste se saccadant. Et moi, charognard, Guettant du regard L'immobilité Qui va te gagner. Et puis toi mourant ; Et moi sur du vent, J'écris tout le temps De ton agonie.
Tes gestes se paralysent, Tes ailes à présent gisent. Tandis que je rime Et que je m'abîme Et que je ponctue Un texte incongru, Tu cours prestement Dans le firmament. J'écris tout le temps De ton agonie.
Quatre pattes vers ton Dieu, Dans un tremblement nerveux, Toi aux deux tiers morte, Au seuil de la porte, Tu sembles prier, Ou même implorer, Qu'Il aille vers Laon Réchauffer ton sang. J'écris tout le temps De ton agonie.
Lentement le temps s'égraine, Je fatigue en ma voie vaine. Dors, ami insecte, Mon penser infect T'imagine enfin Au temps de ta fin. Es-tu m'attendant ? Ou es-tu râlant ? J'écris tout le temps De ton agonie.
Dix-huit heure trente-cinq, A ton souvenir, je trinque. De rares tressauts, De pauvres sursauts, Terminent ainsi Ta mourante vie. Anonyme présentant Un anonyme mourant ; J'écrivis le temps De ton agonie.
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