C’était au mois de juin, aux feux de la saint jean ;
Un doux soleil caressait les primevères des balcons.
C’est sur un divan à côté d’un vieux poêle à charbon,
Qu’ils ont vécu leurs plus merveilleux moments.
Les barricades donnaient Ă Paris un air de faubourg,
Ils vivaient leur jeunesse et cachaient leur amour :
Haut perché dans une petite chambre de bonne
Loin des lacrymogènes, des pavées de la Sorbonne.
Ils ont tiré les volets de leurs fenêtres sans rideaux
Pour s’abriter des regards de monsieur- du-corbeau,
Celui qui ne voulait rien rater de leurs embrassades
Et se rincer l’œil sur leurs fougueuses escapades.
Des murs en papier peint Ă©taient leur carapace.
Elle avait tout juste dix-huit ans et il Ă©tait bidasse,
Ils consommaient leur jeunesse au goût de miel
En se contentant du pain des restes de la veille.
Si pour certains les lendemains Ă©taient incertains
Ils ne se souciaient guère des aléas des chemins.
Lui était bien ; à l’abri, dans le cœur d’une femme…
Elle Ă©tait bien ; au chaud, Ă la chaleur de sa flamme
Puis les années ont filé ils n’ont pas vu passé les ans.
Mais la vie est là pour leur remémorer le temps d’avant
Les blessures de leur vie ont gardé leurs pansements,
Car le fil de leur histoire est un banal recommencement.
Assoupis, dans leur salon, ils regardent les informations
Ou des éclats de métal accompagnent l’eau des canons,
Le cœur serré, car au sein de la marée jaune
Ils ont aperçu sur le petit écran leurs petits fils gilles et John.
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Un grand bonheur sans partage n'est qu'un petit plaisir solitaire ! (coeurdesiles.)