Une minute encore pour garder de la nuit
une effluve du corps caressé et honni,
de gestes embrassés et de mots murmurés,
ces cris tétanisés et si vite oubliés.

Un ombre me dévore et rappelle aujourd'hui
que cette nuit encore nous fûmes des amants
étreints dans un décor sans tumulte et sans bruit,
pratiquant l'onanisme, à deux, comme des grands.

Une minute encore pour que mon corps revive
tes suppliques, les miennes, pour enfin arriver
à l'instant attendu où le plaisir arrive
et laisse dans nos chairs un goût d'inachevé.

Un moment d'hébétude où l'esprit se demande
comment recommencer pour en arriver là,
quel geste doit-on faire et quel muscle commande
l'instant d'éternité qui nous retrouve las.

Une minute encore pour que je me réveille.
Mon cœur est obscurci de désir, de remord :
garder dans mon esprit ce moment de merveille.
Pitié, laissez le moi, une minute encore.