À nuit tombée, des astres d'or Font naître d'étranges fantômes Qui vont en choeur, à pas feutrés Bercer le citoyen qui dort En lui, leurs chants chargés d'arômes Vont note à note s'infiltrer
À nuit tombée, dans la forêt Les mammifères, les insectes Les vents, les rameaux, les oiseaux Se manifestent sans arrêt Donnant à la ronde, en direct Et sonate et intermezzo
À nuit tombée, au bord de l'eau Parmi poissons et libellules Les courants et les batraciens Font entendre leur trémolos Alors que le hibou hulule Au loin, macabre musicien
À nuit tombée, au clair de lune Les mélodies de la nature Ouvrent de fantastiques songes L'esprit plane et le coeur falune Sur des coquilliers d'aventure Moelleux comme des mensonges
À nuit tombée, dans la cité S'efface le vacarme diurne On entends le vol d'une mouche Mais, traversant l'opacité De nombreux crissements nocturnes Frappent l'oreille et l'effarouchent
À nuit tombée, dans la tempête Des vents cinglants au timbre amer À l'aveuglette, vous mitraillent Leurs voix sinistres se répètent Et les bateaux perdus en mer Ne sont que des fétus de paille
À nuit tombée, mille corbeaux Multiplient leurs notes lugubres Alimentent des chants funèbres Sur des feux follets, aux tombeaux De mauvais esprits élucubrent Tout grimaçants, dans les ténèbres
À nuit tombée, l'âme sereine S'en va dans les bras de Morphée Vers une aurore boréale Ou vers vers une onde où les Sirènes Chantent pour les marins bluffés En vue d'un naufrage idéal...
La nuit qui fait souvent peur aux enfants avec ses aspects obscures et pourtant il est si bon de dormir dans les bras de Morphée. Superbe. Amitiés. Najda.