On le traitait de sale moutard,
Il en avait l’habitude
On l’appelait le sale bâtard,
Il trouvait ça un peu rude.

Pourtant jamais il ne se rebiffait,
Mais en cachette il pleurait
Il n’était guère courageux,
Il était surtout très malheureux.

Un jour, une jeune fille bien née
Le rencontra par hasard sur son chemin
Il vit ses pupilles s’illuminer
Quand elle croisa son regard de félin.

Pour une fois il ne détourna pas les yeux.
Il fit même mieux,
Il se fendit d’un large sourire ébréché,
Tout en redoutant d’être rabroué.

La charmante enfant eut deux fossettes
Qui se creusèrent de bien jolie façon
Tandis que battaient ses mirettes
En rendant son sourire au garçon.

Puis elle continua sa route
D’une démarche souple et cadencée.
Mais elle avait effacé tous les doutes
Qui l’empêchaient d’avancer.

Bien des années plus tard
Alors qu’il se trouvait sur un quai de gare
Une jeune femme s’est avancée vers lui
Et timidement lui a souri

Il a reconnu les mirettes
Et les deux jolies fossettes
Il avait retrouvé sa perle rare
Il n’y avait plus ni moutard, ni bâtard,

Simplement deux êtres réunis
A l’aube d’une nouvelle vie
Qui expliqueraient à leurs enfants
Combien les gens peuvent être médisants.