Une toile se tisse à l'entrée de la nuit
De longs fils bleus de soie et de longs fils d'envie
De perles de diamants, l'épeire diadème
Pare son ventre blanc, murmure ses "je t'aime"

Une toile maîtresse en savante spirale
Recouvre de son voile argent les jours trop pâles
L'argiope se déhanche en habiles détours
Cette toile sera de désirs et d'amour

Une toile vibrant au moindre mouvement
Aux échanges troublants faits de mots et d'élans
Une toile s'étend cousue d'imaginaire
Dans ses méandres fous elle tient prisonnières

La raison ordinaire et l'attention requise
La retenue austère et la pudeur de mise
Elle accroche en son centre un fantasme précieux
Au parfum d'idéaux et de jeu dangereux

Une toile envahit l'espace de mes yeux
Brouillant ma simple vie de son flou merveilleux
Une toile se tisse à l'entrée de la nuit
De longs fils bleus de soie et de longs fils d'envie...

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"Les poèmes sont en chemin : ils font route vers quelque chose." Paul Celan