L’erreur
Moi ? Je ne suis qu’une erreur, une erreur de parents.
Faute à ne pas commettre, lorsqu’on parle d’enfant.
Mieux fait de ne pas naître ! Je l’entends à 4 ans.
Qui se cache dans ma tête, petit désagrément.
Reste un inadapté, sans vraie place, hors du temps.
Bien sûr on fait les choses, ce que font les enfants
Mais trop tĂ´t ou trop tard, jamais au bon moment,
On devient tête de turc, c’est méchant les enfants.
Et puis le temps qui passe enterre ces moments,
Comme le limon d’un fleuve recouvre des ossements.
Et la vie s’accélère, ensuite, tel un torrent,
Et puis les mots s’éloignent, rejoignent l’inconscient.
On rêve, s’imagine, sans penser au ciment,
Le ciment, l’origine, une démence de parents,
Ni succès ni échec, une erreur simplement,
Et ce temps qui emporte, mĂŞme notre aveuglement.
Et l’on vole, on butine, sans construire carrément,
On se pose, on repart, on trouve ça plaisant.
Et puis vient la rencontre, on dit : c’est le moment !
Famille, responsable, et la joie de l’enfant.
Mais toujours dans la tĂŞte, ce manque du long terme,
Comme un vide, une gêne… Mais tant qu’on vit l’instant !
On partage, on éduque, on conduit d’une main ferme
Ce vaisseau gratifiant au milieu des brisants.
Le temps passe. Et ce manque… Pourtant on est content,
On avance sur cette route !! C’est certain maintenant.
Et puis vient l’impensable. Et puis vient l’accident.
Deux déveines fortuites et l’usure du temps.
La clarté d’un regard, la blessure des mots
Puis la haine d’un chien, un matamore ballot.
Et de ces Ă©tincelles, Ă©mergera le sot,
Celui dont on n’veut pas, celui qui est de trop.
Fragile, abattu, des complexes pour peau,
Caché par une armure qui masque le chaos.
Un sarment torturé, empoisonné de mots
Entendus, jeune plant, qui pourrirent son terreau.
Je ne suis qu’une erreur mais ça n’excuse rien.
Conscient de ce devoir que j’ai envers les miens,
Je m’obstine à survivre sans égoïsme aucun.
Il est bon qu’ils ignorent qu’en fait je ne suis rien.
Une enveloppe vide, sans substance et sans âme
Usé jusqu’à la corde, rongé de mites infâmes
Révélé à lui-même mais, faute d’intelligence,
Trop tard pour réagir par l’ultime sentence.
Dire qu’il aura suffit, d’un regard, d’un sourire
Pour ĂŞtre convaincu de ma terrible faute.
Lorsque, entendant leurs mots, expression de pure ire,
SitĂ´t les satisfaire et mourir tĂŞte haute.
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Nous aurions tous besoin d'ĂŞtre la merveille de quelqu'un d'autre.