Je ne me verrais pas, égaré, seul sur Mars,
Tout comme Robinson, échoué sur son île,
Attendant de héler les rares vaisseaux, qui passent.
Moi, trop accoutumé aux lueurs de la ville.
Comme le taxi-driver, de Robert De Niro,
Qui voulait qu’on l’admire, qu’on le voit en héros,
Ayant cru y aller pour récolter la gloire,
J’y vivrais, ignoré, seul, dans ma tour d’ivoire.
Moi qui pourtant rêvais de décrocher la lune,
Voir mon nom étalé, tout en haut, à la une,
Et prêt à voyager, pour quelques décennies,
Avec cet espoir fou, de magnifier ma vie.
Reverrais-je sur Mars le doux temps des cerises ?
Et un sol recouvert de feuilles d’or, éparses ?
Au printemps des pinsons qui font des vocalises ?
Des rivières gelées, des poissons sous la glace ?
Cette planète est-elle dépourvue de reptiles,
En son désert a-t-elle un serpent jaune,
Qui dans la lave rouge, doucement, se faufile,
Réservant son venin pour le petit bonhomme ?
Je chercherais peut-être un puits profond,
Dans cette immensité, me fiant au hasard,
Et j’appréhenderais la venue de la nuit,
Les affres d’un grand désespoir.
Et, voyant cette orange bleue,
Voyageur, sans espérance de retour,
Je me dirais : ‘Sur la terre j’étais heureux,
Avec ma rose, plus belle que le jour.’
Je verrais ces volcans depuis longtemps éteints,
‘Soyez mes amis, prierais-je, malheureux comme pierres,’
Je suis seul, seul de chez tout seul’,
‘Je suis seul, seul, seul’, dirait l’écho, sans fin.
S’il y avait un renard sur la planète Mars,
Pour me faire un ami, je prendrais rendez-vous,
Si je venais trop tôt, s’il était en retard,
Il me faudrait mourir, hagard, comme un loup.
Dumnac