On avait marché longtemps
Sur ce sentier de pierre et de terre
Plus justement je marchais seul
Et je t’imaginais à mes cotés
Je tournais la tête de temps à autres
Pour voir ton sourire ta douceur
Tu inventais des mots
Que moi seul comprenais

Le paysage était désolant
Aride. Des pierres de la terre
Et quelques fois des ronces des chardons
Le soleil nous brûlait la peau
Nous fîmes (je fis) une pause
Au pied d’un vieil arbre desséché
Que tu as nommé : « aramitoreda »
Arbre de la connaissance

Comme le soleil commençait
A décliner
Une ombre presque une nuit
Nous passa au dessus de la tête
C’était l’ombre d’un bâtiment
De pierre et de vide

Je me retournais et vis
Une maison comme un refuge
Au milieu des vignes
Où portes et fenêtres
Avaient disparues
Épreuve de l’abandon
Et le toit malmené tremblait
A la première brise

Je regarde par la fenêtre
J’entre sans bruit
Sauf mon cœur
Tu es là
Assise près de la table
Cette fois ce n’est plus une image
C’est toi princesse
Ton sourire est le même
Je me penche pour t’embrasser
Tu lèves légèrement la tête
Pour m’offrir ton coup

Tu me prends la main
Et m’emmène dans l’autre pièce
La clarté m’éblouit
Au centre c’est une lourde pierre
Comme un autel
D’où coule un filet de sang

Ta main se referme brusquement
Je ressens les vibrations de la peur
Un frisson nous parcourt
Nous n’osons plus respirer
Derrière nous la porte n’est plus
Il faut longer la pierre
Pour accéder au couloir étroit

Nous longeons la pierre
Pour accéder au couloir étroit

La lumière n’est plus qu’image
Comme figée aux parois exiguës
Mais rien n’est invisible pourtant
Au fond trois marches bancales
Mènent au pied du clocher
Je suis tenté de tirer la corde qui pend
Tu me fais signe que non

Soudain la lourde porte s’ouvre
Nous apercevons le soleil
Rouge fier
Côtoyer la cime des montagnes
Quelques herbes avaient repoussé
Ça et là. On pouvait déjà voir
Le vol des chauves souris

Ta main ne m’avait pas quitté
Je regardais tes doigts
Ils étaient unis aux miens
Par deux anneaux
Dont l’incandescence
Se perdait au centre du soleil couchant
Les pans de ta robe blanche
Se perdaient au fond de la vallée

Nous avons longtemps marché
En ces lieux de pierre et de terre
Avant de reprendre
Chacun notre sentier