Malgré le sable brûlant
Il nous fallait marcher
Malgré la redoutable bouche du néant
Il nous fallait avancer
On meurt comme on naît
On vit comme on meurt
Et on se perd
Sur les lieux même des retrouvailles!

La plainte était silencieuse
Capricieuse
Elle se faisait entendre
D’entre les capillaires des vielles pierres
Couchées sur la terre siliceuse
Vestige du gneiss du temps de sa splendeur
Ah cette jalousie du granit !
Qui ne s’effrite que pour offrir aux yeux malades de lumière
Le rubis du quartz
Au pied d’une fontaine
Dont l’eau brille de pureté
Tant les micas absents
A force de s’êtres accrochés aux faux vents
Ne sont plus de la fête !

C’est que …
La bourrasque du Sahara
Qui fait valser son sirocco
Sur nos peaux blanches
Aujourd’hui reniées
Nous rappelle à merveille
Que l’on ne vit pas quand on berce la mort
On ne meurt par quand on est déjà mort !

Et malgré la neige
Il nous fallait persévérer
Et malgré l’orage
Il nous fallait continuer
Face à la gueule béante du vide
On ne doit pas renoncer
On ne vit qu’une fois
Mais on peut mourir plusieurs fois de suites!

Mort par absurdité
Par fatalité
Par paresse
Par renoncement
Par privation
Par capitulation

Mais la vie nécessite plus de peur que de courage
Hélas la crainte nous manque
Et la hardiesse nous trompe
Tant les gouttes de pluie
Transpercent nos peaux noires
Jadis notre fierté
Aujourd’hui « black » nommée
Pour mieux nous berner

Ah ce flocon de neige !
Il nargue le brun de ma pigmentation
J’ai des taches de rousseurs
Invisibles pour les yeux de ce chasseur de scalpes
Soudain devenu combattant de dieu
La sainteté sur le front
Troué à force d’essuyer les galets
De la rivière de l’oubli

Oubli de soi
De toi
De moi
De nous
De vous et d’eux
Oui on meurt par trop de vie
Et on vit par trop de mort
C’est ainsi

Ait Slimane Hamid