J’aime le vent quand il persécute les nuages,
Les martyrise, les brise, libère un ciel d’été,
Quand il donne du frisson à un lac abrité
Et fait chanter les peupliers au frais feuillage.

J’aime le vent d’automne quand il dénude les chênes
Tapit les forêts d’un coussin moelleux de feuilles
Quand tombent les noix au bonheur des écureuils
Accompagne les cigognes vers des terres lointaines.

J’aime le vent, la bise, qui défrise ses blonds cheveux,
Quand il moule son corps à la robe légère
Quand dans l’air sa robe frivole dévoile sa chair
Offre à mes yeux citadins ses atouts grâcieux.

J’aime le vent quand il chasse le chagrin d’un enfant
Et la peur des différences dans l’œil des adultes
Quand il transporte et dépose sur un sol inculte
Des graines de blé : parfois un apôtre le vent.

Dans le vent, contre le vent, face à l’océan,
Je pleure, universellement, que suis-je ? Qui suis-je ?
Prends-moi le vent ! Emporte-moi dans le vertige
De l’infini, dans le meilleur du firmament.