C'était en février d'une année de misère,
D'une année de gros temps à noyer les marins,
C'était un jour maudit où coula la galère
Perdue dans le brouillard sous les feux de Vulcain.

Les vents depuis longtemps soufflaient sur les rivages
Innocent, je croyais qu'ils n'étaient que zéphyrs,
Et moi comme un marin ignorant les naufrages,
Je subis en plein cœur la douleur du partir.

Cet orage qui fait que soudain tout s'arrête
Quand survient cet éclair que l'on n'attendait pas,
Quand le calme du soir devient une tempête,
Quand une histoire meurt et cruelle s'en va.

La mer autour de moi n'était plus que décombres,
Charriant quelques bois en flots désemparés,
Pas une main tendue, pas la trace d'une ombre,
Rien dans ma sombre nuit qui puisse me guider.

C'était en février tu t'en souviens peut-être
Ou ta mémoire aussi est-elle en d'autres cieux,
Les années sont hivers qui s'emparent des êtres
Ce n'était pas la pluie qui me mouillait les yeux.

C'était hier, vois-tu, aujourd'hui sur mon île
Passent mille soleils qui réchauffent ma peau,
Si les marques au cœur restent indélébiles
L'espoir survit toujours, nous offre ses joyaux.