Qu'il est loin le temps de ma jeunesse !
Quatre vingt huit printemps sont déjà passés,
A cette époque les jeunes savaient que la politesse
Etait une vertu à ne pas négliger.
Je ne reconnais plus le pays où je suis né,
La gentillesse de ses habitants et leur civilité,
La guerre avec ses horreurs avait tout ruiné.
Je ne pouvais plus vivre dans ce pays sans humanité,
Où en plein jour on risque de perdre la vie
Par le simple fait de croiser sur son chemin le pervers,
Qui vous poignardera sans pitié, et ravi
vous regardera mourir, et quitter des humains : l'univers.
Alors j'ai émigré et l'Australie fut le pays d'accueil
Où j'ai vécu douze ans sans soucis et heureux.
Mais hélas tous ces liens dont je croyais avoir fait le deuil,
Au fil du temps refirent surface et me rendirent malheureux.
Je me revoyais au temps de mon enfance
Gambadant sur les chemins,respirant un air sain,
Regardant la géographie sinueuse de la carte de France
Contemplant ce tout formant un beau dessin.
Tous ces liens affectifs que je croyais oubliés
Etaient simplement endormis au plus profond de moi,
Le temps du réveil soudainement était arrivé
Balayant ce bonheur qui avait fait ma joie.
Le retour fut heureux, mais après un certain temps
Les 'défauts' de jadis n'ayant fait qu'empirer,
Je me suis retrouvé, hélas, constatant
Que la France de ma jeunesse lentement disparaissait.
Au nom de cette belle modernité
Tous les 'petits' métiers avaient disparus,
Les jeunes se retrouvèrent, pour un temps, dans les facultés
Puis par manque de connaissance pour la plupart dans la rue.
Plus de vitriers ou d'aiguiseurs de couteaux
Plus de tailleurs, de ferblantiers ou de cordonniers,
Tous ces 'petits boulots' disparurent bientôt
Pour ne laisser place qu'à des gens sans métiers.
Je suis devenu vieux.........mais suis un ancien jeune.
J'ai mémorisé tous les acquits scolaires
Grâce à des enseignants qui ne ménageaient pas leurs peines,
Et m'ont accompagné jusqu'à la fin des études secondaires.
Puis la guerre est arrivée : ce fut un bouleversement
Dans lequel sombrèrent tous mes projets,
Mais avec de la volonté et les connaissances aidant
Dans le néant je n'ai jamais plongé !
J'ai pu voyager 'aux quatre coins du monde'
Et la tête 'pleine' de souvenirs j'écris,
Mes mémoires, mes peines, mes amours qui dans une ronde
Sans fin, parcourent et parfois tourmentent mon esprit.
Souvent j'ai le regret d'avoir commis l'erreur
De revenir dans ce pays où j'ai vu le jour.
Pensant à l'Australie où j'ai trouvé le bonheur,
Pays qui restera dans mon coeur pour toujours.
Et pour accentuer ce regret et mon sentiment de culpabilité
Christian, mon fils cadet né en Australie,
Est décédé à l'aube de ses vingt ans dans la voiture que j'avais pour lui achetée.
Le temps passant la peine s'estompe............mais elle n'est qu'assoupie.
Alors je me console en pensant à ma vie, à mon âge
Et arrivant au bout du chemin,
D'avoir finit de la vie l'apprentissage
Et ne plus avoir le temps d'assister à ce profond déclin !!

Marcel Tosi
Copyright n°00052860-1

Une vie résumée? Non, il paraît que maintenant, la vieillesse ne nous prend qu'à 92 ans. Vous avez donc encore le temps d'user la plume et de nous enchanter par votre vie, contée.

Triste constat ..... qui nous fait moins regretter de quitter un monde où l'on ne se reconnait plus vraiment !
Moi je suis parti au Maroc où je suis très heureux et comme c'est assez proche de la France on n'est pas coupé de la famille. Quelles heures d'avion et c'est fait ! L'Australie c'est loin !
Adn

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un texte poignant de franchise, de tristesse, de mélancolie et d'un grand savoir-vivre

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Carpe Diem

Bonjour,

Merci à tous, d'avoir pris le temps de me lire et de faire des commentaires que j'ai appréciés.
Amicalement votre
Marcan