AVEC TANT DE PUDEUR...
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L’aube a ouvert un œil, lentement, avec peine
Toute engourdie de nuit, elle étire ses bras,
S’accroche aux collines où sommeillent sereines
Les heures solitaires sans aucun apparat
Et voilà le second dont la paupière frêle
Ridée d’une nuit blanche que la lune fêtarde
De toute sa rondeur de blanchâtre aquarelle,
A tenu éveillé, longtemps, la cabocharde !
L’aurore ouvre les yeux sur toute la vallée
Lentement déshabille les monts et les collines
Fait glisser sa chemise humide de rosée
Découvre tel un sein les vallons et alpines.
Il règne dans ce monde, à l’orée clair-obscur
La silencieuse ébauche, naissance attendue,
D’un renouveau matin où rien n’est aussi pur
Que la fraîche senteur d’une nature nue.
Dans cet espace temps, guillemets de nymphose,
Tout s'éveille à la vie avec tant de pudeur,
Que le jour et la nuit, en contraire, s'imposent,
Offrant l'éternité pour emblème primeur