ALMA MATER
Elle vogue cette Terre, improbable avatar
Du vide sidéral, cernée de toutes parts
D'un impitoyable et gigantesque inconnu,
Comme Ile de Pâques dans l'océan perdu.
Eclose de nulle part, sur elle croît la vie
Epanouissement déployant sa magie.
Et voici cet homme, création aboutie,
Entraîné malgré lui dans suprême folie.
« Croissez, multipliez » fut précepte sacré
L'intronisant " élu" par grande vanité.
D'elle se gaveront, dilapidant ses dons
Jusqu'au dénuement, ses humains rejetons,
Epuisant tous ses sols, fouissant ses entrailles,
Traquant tout animal, élargissant ses failles.
Voudraient-ils retourner, qu'ils ne le pourraient plus,
Car ils ont transgressé la ligne défendue.
Et qui donc du démon, du dieu ou du néant
Voulut les obliger à porter leurs enfants,
Voulut les acculer à la fuite sans fin ?
Qui poignarde Gaïa tuant ses lendemains ?
Alma Mater, en toi, tutélaire et sereine,
S'abritera toujours cette vie souveraine.
Mais, comme sur l'île dévastée des Pascuans,
Quelque homme rescapé sera-t-il survivant ?
Dans l'étendue interstellaire suspendue,
Terre, captif oeil bleu d'une étoile perdue,
Couve pieusement tes prodigues enfants,
Sur leur frêle destin veille jalousement !
N.G.
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