DIGRESSIONS

Philosophes et poètes arpentent mêmes cieux
Pourtant tout les diffère et voire les oppose.

Nos amis philosophes, du haut de leur olympe,
Splendide forteresse où ils sont retranchés
Analysent et dissèquent hommes et sociétés.
Et ces messieurs austères introspectent l’ego :
-To be or not to be, c’est l’essence de l’être-
Mêlent leur désespoir et leur foi humaniste
Pour édicter les lois, sentences et maximes
Qui doivent c’est certain, au nom de la raison
Nous rendre bien meilleurs, et dignes de sapience.
Leurs buts sont élevés, leurs écoles divergent
Car se sont mis hors jeu, s’étant mis hors l’arène
.Et il est bien souvent, dans le siècle qui suit
Quand ce n’est la décade, que belles vérités
Se rangent au tiroir des âneries passées.

Quant à nos grands poètes, au panthéon des muses
Puisent l’inspiration, vers les plus beaux sonnets.
Ils transcendent la vie, tous sentiments mêlés
Autant dans sa douceur qu’en ses débordements ;
Ils tirent de l’amour, de nature édénique
Autant que du tragique, des accents déchirants.
Leurs rêves et leurs délires, enfantent l’idéal,
Exaltent la beauté en nos moindres transports.
Se déclinent par iambes, élisions et césures
Ou en vers libérés, jonglant avec les mots
Pour composer lyriques, des Å“uvres qui enchantent
Nos propres sentiments du spleen à la tristesse
Et de joutes courtoises au plus fol érotisme.
Planent les horizons qui répondent à nos vœux ;
L’abus du vin des rêves est parfois douloureux

Pas plus les philosophes que d’inspirés poètes
Ne peuvent régenter nos vies et nos pensées
Tous deux sont nécessaires pour avancer l’humain
L’un veut la réflexion, l’autre invite au rêve
L’affaire est entendue, et nous lirons les deux.

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Extrait de mon recueil "Intimerrances" sur lulu.com/fr