Escapade nocturne
L' idée m' est venue la nuit dernière,
Plutôt que de rejoindre Morphée, le fils de la Nuit,
Quelque part au fond d' un bois, dans une clairière,
De m' évader vers les astres, passés les douze coups de minuit.
Ce ciel nocturne égayé d' étoiles scintillantes
M' a tant fasciné depuis ma tendre enfance,
Que j' ai envie d' embarquer tel l' Atalante,
Sur un Argo imaginaire, gréé pour la circonstance.
Choisir une des cinq cent portes de mon Walhalla
Fut chose aisée, sans avoir recours au breuvage de l' oubli
Que me proposa une Valkyrie pour mon voyage vers l' au-delà .
Dois-je vous dire ce qu' Ã cet instant j' ai ressenti ?
Aussi léger qu' un souffle de vent discret et furtif,
Je me suis envolé, je me suis propulsé,
Vers les confins de l' espace expansif
En chevauchant Pégase, mon fidèle cheval ailé.
Bonjour madame la Lune, alors enfin réveillée ?
Moins de bruit mon destrier, ne réveillons pas le Soleil endormi,
Continuons cette grandiose échappée
Vers l' univers en mouvement où je viens en ami.
Bonjour et dois-je dire bonne nuit, chère planète voisine ?
Je m' incline devant toi, Vénus, déesse de l' amour, Aphrodite,
Née de l' écume de mer et qui, petite coquine,
Donna ton nom au mont le plus doux pour lequel mon coeur palpite.
Tiens, voici Mars, éloignons-nous rapidement
De ce dieu aux instincts guerriers et destructeurs,
Passons notre chemin précautionneusement,
Ne le provoquons pas, on nous attend ailleurs.
Jupiter ne dort pas, rayonnement de lumière, maître du tonnerre
Et maître du ciel, il m' adresse un salut amical,
Le salut du bienfaiteur de la Terre,
Avouez quand-même que ce n' est pas banal !
Mais qui vois-je non loin, avec son épouse Salacia ?
C' est bien Neptune, le seigneur des eaux, l' orchestrateur des ondes,
Celui sans qui il n' y aurait pas de vie sur ma planète bleue... Alleluia !!!
De lui nous n' avons rien à craindre et ma joie est profonde.
Comment ne pas remarquer la présence de Saturne ?
Comment ne pas remarquer l' ordonnateur du temps, secondé par Titan,
Allez vaillant coursier, faisons fi des interdits taciturnes,
En route pour de lubriques Saturnales avec ce libertin d' Aldebaran.
Evitons Pluton et son royaume des morts,
Allons rendre visite à Mercure qui, dieu des voyageurs,
Nous protège contre les mauvais sorts,
Dans cette chevauchée dont nous sommes les acteurs.
Partout autour de nous, les constellations sont aux aguets !
Elles se méfient de ce terrien, imprudent et curieux,
Venu braver les dieux-planètes à leurs chevets,
Inconscient des pièges et des dangers les plus périlleux.
Elles sont toutes autour de moi, le Lynx et les Poissons,
Le Bélier et la Girafe, le Taureau et le Lion,
Leurs yeux perçants sont rivés sur nous à l' unisson,
De la Grande Ourse au Dauphin, de l' Aigle au Scorpion.
Je vois aussi le Cygne et le Toucan, le Lièvre et le Serpent,
Le Corbeau et le Loup, la Colombe et la Baleine,
Sentinelles spatiales qui, sans acharnement,
Influent sur les humains de ma planète lointaine.
Ce dais étincelant qui s' illumine de milliards de feux,
Regroupant tous les animaux de la création afin de nous épier,
Derrière tout ce qu' il peut avoir de mystérieux,
N' est au fond qu' un vaste parc animalier !!!
Jean-Claude Fissoun