Quand le ciel s' assombrit

Serais-je donc devenu impalpable ?
Serais-je donc devenu transparent ?
Je me répands pourtant en vocables,
Je m' exprime et je sème mes paroles à tout vent.

Je ne suis pas insensible, je ne suis pas de pierre,
J' ai un coeur grand ouvert, aujourd' hui en survie,
Et je continue de m' accrocher à vous comme le lierre
Grimpant le long des murs lézardés de ma vie.

Mes émotions sont bien trop fortes
Et je ne suis pas qu' une ombre
Recherchant derrière toutes ces portes
Ce que je ne trouve pas, au secours, je sombre !

Oui je sombre dans des méditations obsessionnelles
Où chacune et chacun de vous, sans le savoir,
Occupe une place exceptionnelle
Sur l' Olympe de mon désespoir.

Jouez trompettes des amitiés qui s' éteignent !
Brillez étoiles au plus profond du firmament !
Saignez les coeurs de ceux qui règnent
Sur un monde plein de tourments.

Moi qui ai tant vécu, tant existé,
Aujourd' hui, dans mon ermitage,
J' observe avec amertume et sans sérénité
Le temps qui passe et nous outrage.

Non, je n' ai nul besoin de compassion !
Regardez-vous car vous êtes ce que j' ai été,
Et défile la vie, défilent les saisons,
Vous deviendrez ce que je suis, soyez-en persuadés !

Mes amis, dois-je vous appeler ainsi ? vous me manquez,
Mais à quoi bon me lamenter,
Continuez donc votre route, cheminez,
Qu' importe, vous ne verrez pas mes yeux se fermer.

Jean-Claude FISSOUN