Le Printemps de Botticelli
Voici, pleine de vergogne, la belle dame
qui franchit l'orée dont le sous-bois viride
désaltère les émois, apaise les alarmes.
Toute à ses pensées, elle y pose un oeil languide.
Le regard de la donzelle, d'une feinte innocence,
se voit pourtant trahi par son téton coquin
et peut-être aussi par ses doigts qui dansent
et qui conjurent le sort du revers de la main.
L'éphèbe, le manteau décemment retenu,
sachant bien ce que va déchaîner son geste,
tend le bras vers la pomme, le fruit défendu.
Et l'Amour dodu bande son arc d'une main leste
Invisible à leurs yeux, l'engeance antique
conduit la course légère des nymphes et des fées.
Là , le Printemps apprête son philtre magique :
Femme sereine, qu'a-t-elle sur sa hanche posé ?
Est-ce une folle brassée de fleurs épanouies
qu'elle puise par poignées et puis qu'elle va semer ?
Ou bien aussi quelqu'autre délice enfoui
au creux du pli obscur de sa robe relevée ?
Que peint encore ce tableau de la Renaissance
miroir qui nous parvient d'un âge libertin ?
Trois Grâces voilées d'une impudique transparence,
leur blondeur maîtrisée en des chignons coquins.
De leurs bras joints faisant une chaîne ravissante,
elles exhibent leurs rondeurs, promesses des fruits d'été,
et, dansant sur l'humus à l'odeur puissante,
le pied ailé, font voler leurs robes drapées.
Zéphir surgit, terrasse la fuite timide
de Flore, nymphe aux abois. Il la glace d'effroi
en soufflant sur elle son haleine humide,
et d'une poigne bleuie, l'entraîne au fond des bois.
Si un jour il vous vient un désir d'Italie,
au Musée des Offices allez voir ce joyau,
cette splendeur imaginée par Botticelli
en Florence, ville chérie du Quattrocento
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