Je ne regrette pas

Non, de rompre avec toi je ne regrette pas
Du diktat de la foi tu as pris le chemin
sans te soucier de mon amour et mes chagrins
Le sacré a pris le dessus sur nos émois
durant trois décennies partagés dans la joie
entre-temps avec tas de soucis et pépins
La liberté pour moi est le meilleur chemin
où l’amour s’épanouit, fait entendre sa voix
Aux sentiments le chantage sonne le glas
d’une vie à deux faite d’amour et d’entrain
Les cultes sous la pression ne se feraient point
Libre est né l’homme; pourquoi l’asservir par la foi
réduite aux dogmes et à de rigides lois ?
Liberté de conscience n’est pas un slogan
réservé aux libres penseurs et écrivains
Elle fonde le vivre-ensemble dans l’Etat
de droit régi par de sages et justes lois
Une chose que je regrette : pleurer de peine
tel un enfant, quand la solitude m’entraîne
à penser aux débris d’une vie dont le toit
s’est effondré, pourtant bien bâti par nos bras
Mais que veux-tu ? Quand l’adversité nous surprend
dans la vie, nous avons beau avoir de l’aplomb,
fragiles deviennent nos âmes, brisées nos voix
Si j’en parle maintenant sans nul embarras,
c’est pour dénoncer une vague atteignant
nos rivages, et d’emporter au loin menaçant
dans le reflux l’humus de nos terres et bois,
nos rosiers, notre joie de vivre et nos ébats
J’ai senti dans ma chair le rejet, l’abandon
Perplexe encore je suis de voir l’ouragan
sous le voile du sacré raser mon chez-moi
L’ouragan encore souffle par-ci par-là
voulant un sol aride, décimer nos moissons,
séparer les cœurs, embrouiller les horizons
Notre terre millénaire avait autrefois
maints ouragans enduré. Elle triompha
Indignée, fière elle résiste avec raison
criant face aux inquisiteurs:No pasaran !

Mahmoud Ben Jemâa
26/3/2012