Impossibles dans ce monde
Il y existe pourtant de petites choses
Irréelles car profondes
Leur cinéma muet et expressif pose
Impassibles devant ce navet immonde
Comme une icône se mêlant au décor qui s'échine
Immobiles et immuables elles se sondent
Et font songer à des châteaux en ruine
Pourtant obligées de survivre
Dans l'échiquier de cette comédie
Elles apparaissent frêles et fluettes à la dérive
C'est à peine si elles osent avoir envie
Sans rien dire elles ne bougent un cil
Attendent muettes que l'existence file
Jouant leur propre tragédie
Graciles, elles mettent en scène leur vie
Elles conservent en elles
Par une métaphore abstraite et miniature
L'enfance et le berceau maternels
Qui les protègent au-dessous de la couture
Elles vont même jusqu'à arborer comme emblèmes
La faux et les tombeaux
En un costume noir et blême
Apprivoisant le mal et le Beau
Leur esprit fragile et finaud
Déjouent les souricières
Tandis qu'elles rêvent aux cimetières
En maudissant les bourreaux
Ainsi elles préservent la vie
Précieusement camouflée en leur coeur tendre
Laissant à leur cervelle un goût amer d'eau de vie
Et renaissent immortelles en une pluie de cendres
Dans ce monde impassible
Il existe des figurines à part et impossibles
Des petites choses qui à défaut de pouvoir vivre ici comme autrui
Choisissent l'ailleurs entre le rêve, l'inertie, la mort et la poésie