Ma ville lointaine

Ma ville lointaine et présente dans mon cœur,
je t’ai vue perdre tes charmes et tes couleurs
Ton ciel prend un visage grisâtre et morose
Tu ne sens plus l’odeur de jasmin et de rose

J’entends de loin danser sur la plage Wiriot
le jazz enivrant le silence de la nuit
J’entends plaintives les pierres du Casino
dire les joies du passé à la mer meurtrie

Des bribes restant de ta campagne enchantée
en disent long sur le destin malencontreux
où le béton chassa la vigne et l’olivier
et enfouit dans l’oubli les lieux et temps heureux

La médina jadis rafraîchie tous les soirs
porte le matin sa toilette poussiéreuse
Les métiers d’antan oublient leurs bruits et mémoires
La nuit, le silence la rend faible et peureuse

Le vieux port où venaient felouques et marées
faisait rêver de voyages et d’échappées
Toute la ville accueillait la mer dans ses bras
La vie sur belle corniche dort sans éclat

Nostalgique, tu rêves encore de la mer
Elle te manque ; pourtant elle est là toute entière
Tu as grandi ; regarde-toi dans le miroir
Tu as pris des rides sans t’en apercevoir

Ma ville lointaine et présente dans mon cœur
Tu trônes majestueuse avec tes remparts
La pluie te donne un peu de jeunesse et fraîcheur
La lueur de la nuit éclaire ton histoire.

Mahmoud Ben Jemâa
8/4/2009