Le défi

Refaire le monde, c’était un slogan
de notre jeunesse
il y a bien longtemps
Nous partions à l’assaut du firmament
par l’intelligence
et les libres mots
L’espoir nous souriait ; le printemps nouveau
montrait sa prestance
au bout du chemin
Le monde avait le port de l’inhumain
et de l’injustice
Des spectres rageurs
hantaient les chemins, semant la terreur
Mais dans le silence
des nuits étoilées
montaient les chants et les rêves ailés
Mélodies novices,
des sons de guitare
les accompagnaient jusqu’au haut des phares,
baignant dans l’ivresse,
tristes et sereins
Le ciel était à portée de nos mains
Nos cœurs ,de jouissance,
amis, camarades,
s’entrelaçaient et battaient la chamade
Mais aujourd’hui est-ce
la fin de nos rêves ?
Le monde a changé ; des spectres arrivent
couverts de malice,
mutants, entêtés,
hissant la statue de la liberté
Avec arrogance
ils partent en guerre
pour faire la loi sur la Terre entière
Bientôt prendra place
la désillusion
Un brouillard obscurcit les horizons
Les rêves d’antan
brisent leur envol
dans l’obscur crépuscule des idoles
Un éclair ne cesse
de paraître au loin
de nouveaux rêves berçant l’être humain
Nos âmes ne laissent
de dire en sourdine
nos chagrins du jour devant tant de peines
Les mots que ressassent
nos voix fatiguées
se perdent dans les parcours endigués
telles les semences
dans un sol aride
s’étiolant et se perdant dans le vide
Sisyphe est sans cesse
heureux de défier
le destin qui l’enchaîne à son rocher
Un bonheur factice !
Le défi pourtant
saura infléchir le sens du destin
en laissant des traces
pour des lendemains
qui sans chanter paraîtront plus humains

Mahmoud Ben Jemâa
27/3/2009