Il est de vieux marins affalés sur le port
Qui, quand c’est l’apéro et ses appels à boire
Au comptoir du bistrot s’épanchent sur leur sort
Et racontent au taulier leurs plus petits déboires.
Ils exposent gaiement toutes leurs chaudes-pisses
Offertes gentiment par des belles aux escales
Aux seins proéminents et aux superbes cuisses
Qui de ces beaux atours n’étaient pas de Cancale.

Il est un vieux marin rêvassant au comptoir
Aux odeurs de café et de très vieux Calva
De belles métisses exposant leurs seins noirs
Aimées à Singapour ou encore à Java.
Quand en quittant le bar, le chemin se fait houle
Sous les embruns du vent, il longe le trottoir
Il devient la risée quand soudain il s’écroule
Et toujours affalé, réclame encore à boire.

Il est de vieux marins, issus de petits mousses,
Qui sur la mappemonde ont parcouru les mers,
En regardant le ciel, rêvant de lunes rousses,
N’ont vogué sur les flots qu’en suivant leur estuaire.
Ils se sont inventés des parcours de misère
Trainant de bar en bar pour se faire écouter
Ils n’ont connu pourtant qu’une rive de terre
Mais devant l’Eternel, ils sauront naviguer.


Chibani

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