Plume de soie Inscrit le: 28/11/2010 De: Envois: 185 |
La Porte Le nocher, de sa rame, indique les lueurs D'une serrure issues qu'abominent les mânes Car nulle âme ne doit, en dépit de ses pleurs, Ne franchir cette porte aux obscures arcanes.
Hélas, il est des fois où la porte s'entrouvre, Comme un vide appelant la raison dans ses mains, Sa promesse et son pacte, alors que l'on découvre, Offre délivrance des sombres lendemains.
Le nocher s'impatiente et sa barque soupire, Mais la croix m'apparaît dans la noirceur des eaux Et le visage blanc de ces morts sans sourire Sous les claquements secs du squelettique oiseau.
Il se pose en ma paume et chante doucement, Mais la raison combat cette mort qui me flatte. Énervée, de parjure et de succincts serments, Elle use de douceur, trépignant de la patte.
La poignée semble d'or alors qu'elle est d'un fer Rouillé par la salive abondante de l'ange, Rayé par l'ongle bleu qui se casse aux enfers Que désigne ardemment l'insensible phalange.
J'ai parfois ressenti son rutilant métal Au creux froid de ma main, le couteau sur les vaines Réflexions d'un esprit prenant l'aspect fœtal Dans sa forte faiblesse, ultime clé des chaînes.
Mais jamais, non jamais, je n'ai ouvert la porte Criblée d'âmes, de plomb et de larmes troublées Par le morne remords qui se mord et supporte Tout le poids de la vie fauchée comme les blés.
Le nocher, bougonnant, repart battre les âmes Sous le verre ondoyant et noir comme leurs traits, De sa barque de pierre et de sa sombre rame. Jamais, non jamais plus je ne devrais sombrer Dans le puissant reflet de cet infâme drame.
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