Le menton délaissé dans des mains de Rodin
S’alourdit de maillons et de boulets d'esclave,
Je peine à distinguer les sorties de l'enclave,
Le verrou de la clé, le cachot du jardin.

Paradoxe, oxymore habitent ce grand thème
Qui me lasse et m'agace et qui pourtant m'emporte
De dédale en dédale où sont mythes les portes,
Faut-il aimer souffrir ? Diabolique anathème.

La beauté de la rose éternellement fraîche
Ensorcelle les cœurs qui s'écorchent sans fin
Sur la tige sanglante que les séraphins
Transforment en milliards de séculaires flèches.

Faut-il aimer, souffrir, pour contempler les roses
Au jardin où le sang sert d'engrais aux douleurs ?
Faut-il aimer souffrir pour cueillir les couleurs
De ces baumes parfaits pour soigner nos nécroses ?

Un sadomasochiste affublé de tendresse
Attend au pied du globe un million d'amants mornes
Prêts à tout, même au pacte avec le vice à cornes,
Son sourire en dit long quand à lui on s'adresse.

Rougeoyants éperons que sont ces bras tendus
Aux amants malheureux, aux vierges audacieuses !
Les blancs archets volants aux faces fallacieuses
S'en occuperont en mercenaires vendus.

Le lac salé s’emplit d’odieuses falariques
Et de mouchoirs usés par la peine des masses,
Le bourreau masqué courbe l'échine et ramasse
A la pelle des cœurs vidés dans ses barriques.

L'amour est à ce prix qu'il faut baiser la hache
Du bourreau qui s'acharne à lui trancher la gorge,
La distance, le temps sont flammes de la forge
Qui maintiennent le fil à sa tranchante tache.

Amants, n'oubliez pas ce que "passio" veut dire,
L'amour est à ce prix qu'il faut aimer souffrir.

effrayant...

oui aimer cela peut être souffrir aussi , mais surtout ne jamais ne plus aimer