Quelle douleur au fond de moi,
Sur l’échiquier, oh ! quel brouillard !
Beau mois de mai, quel désespoir !
Où êtes-vous frères des bois ?
Aux balanciers de la lune
J’ai tant prié, j’ai tant pleuré
Que tous les lys se sont couchés*,
Et je suis seule avec ma plume !
Partout des champs, des champs entiers
De roses violacées qui saignent.
Ton Rêvocéan dans la haine
Rempli d’étoiles et d’encriers.
Ton rêve et le mien sont les mêmes
Mais entre nous, quelle pitié !
Des bouts de silence arrachés
Rouillant peu à peu sur nos chaînes.
Quelle douleur on voit là -bas,
Quand pour les secours, c’est trop tard !
Prenez avec moi vos cithares,
Ô citharèdes et venez là !
De l’impossible amour tué,
A coups de haches et plus d’espoir,
Sur leurs effroyables comptoirs,
-Qui les fera donc abdiquer ?-
Chantons un chant, le chant dernier,
Ces trois bourgeons dedans nos mains,
Avant de mourir en chemin,
Et que nos harpes soient brisées…
Mai 2011
Les lys couchés :
Image récurrente du Martyre de Saint Sébastien de Claude Debussy
que j'ai eu le bonheur et l'honneur de chanter, le 22 mai dernier,
au Théâtre du Châtelet, lieu et date exacte de la Création de l'Oeuvre en 1911.
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"Ni le poète, ni personne d'ailleurs, ne possède la clef ou le secret du monde, je veux être bon." Federico GARCIA LORCA