Ya Mariam (1)

Les vois-tu jouer aux cow-boys et aux indiens ?
Que font-ils de la vie des femmes et des enfants,
Des maisons s'effondrant, entraînant corps et biens,
Dans le vacarme des« orgues (2) » et des hurlements ?

Vois cet orgueil et ce désir d'hégémonie.
A tenter le diable on récolte la tempête.
Mon Dieu ! ces corps d'enfants mutilés et bleuis
Enfouis sous les gravats, les éclats de roquettes !

Oh mère de douleur ! serait-ce donc en vain
Qu'on te vénère dans Le Livre et El M'ram (3) ?
Toi qui fus le témoin de l'eau changée en vin,
Dis leur que ces enfants sont les tiens, ya Mariam !

Cana ne verra plus du ciel le miracle
Car il ne reste plus que races de vipères.
Engeance hypocrite, Assassins de l'oracle,
Vous serez tous maudits par vos mères et vos pères.

Mariam, ya Mariam, aie pitié de tes enfants ;
Guide-les, montre-leur le chemin de la Paix
Pour que jamais plus ne se répande le sang
Et que règne partout l'Amour qu'on étouffait.

Beït-Chabab, le 24 sept. 2006.
© Claude Moukarzel

Texte écrit après les bombardements de Cana où tant d’enfants
perdirent la vie.

1 - Ô Marie
2 - Les « orgues de Staline » sont les rampes des roquettes
Katioucha.
3 - El M'ram - 3e sourate du Coran. L'annonciation à Marie.

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Jamais je ne perdrai cet émerveillement du langage
Jamais je ne m'éveillerai d'entre les mots - Louis Aragon -

Ne te retourne pas, regarde toujours devant toi, c'est là qu'est la vie ! (ma devise)