j'ai bien dit poétesse
non pas poet-poet
bruiteuse dans un troupeau sub-artistique
désormais
elle ne prétend miauler
qu'en alexandrins
seule la muse l'amuse
la muse museau
beaucoup plus aristocratique
que l'amuse-gueule
je me suis maintes fois interrogé
sur l'origine possible
de ce sortilège
la télé toute chamarrée ?
les minauderies radiophoniques ?
des bouquins de chat botté
bien plus excitants
que sa pelote de laine ?
ou bien encore
ce balcon étroit
du quatorzième étage
d'où les passants sur les trottoirs
se rapetissaient en souris surréalistes insaisissables
si étrangères
à ses nostalgies de félidés ?
sans doute
toutes les conditions
d'une sublimation quasi humaine
étaient-elles réunies
parfois capricieuse
comme une diva
elle boude et puis s'en va
rêver à Léautaud
plutôt qu'à cet homme de caniveau
que je semblais être devenu pour elle
ou bien encore
dans ses rares jours terrestres
elle me réquisitionnait
en machine à caresser inconditionnelle
où à lui réciter du Baudelaire
où de préférence du Ronronsard
jusqu'à très tard le sart
tout ça
pour lui apprendre à rimer
tandis que ramais dans la souffrance
la rime
ça l'arrime
je veux bien
mais comme ça n'arrime qu'à moi
je l'ai confiée
au salon de toilettage
pour félidés poétisés
pour calmer son intempérance
ce fut pis encore
elle me ramena des tas de matous-vus
du genre des chats pitres
qui remplissent des bouquins
alors chez moi aussi tout à chaviré
j'ai viré mon chat
chat lui a déplu
pensez donc
laissez ainsi son chat en rade
chat fait jaser
elle a pris son baluchon de kittekat
pour aller faire les gouttières
dans la plus pure tradition
chartistique
depuis
sans nouvelles
attenttif aux miaulements du quartier
à l'affut
d'un alexandrin en repentir
j'attends l'éternel retour
de ma chatte à stophes