Une table,
ce n'est pas rien...
J'y vois une famille, des amis,
le partage du pain,
des paroles,
des rires,
des chants,
des fêtes,
des pas de danses,
des farandoles d'amitié...

Un verre,
ce n'est pas rien...
J'y vois de la douceur,
de la soif étanchée,
la rosée du matin,
la couleur des ruisseaux...

Une fleur,
ce n'est pas rien...
J'y vois un morceau de jardin,
la senteur des saisons,
l'offrande d'un parfum...

Tes larmes,
ce n'est pas rien...
J'y vois tes longues nuits,
les épines dans ton coeur,
tes cris de douleur dans l'hiver de ta vie,
les blessures de ton âme...

Tes sourires,
ce n'est pas rien...
J'y vois des vols d'oiseaux dans un ciel bleu,
du bonheur dans tes mains,
du printemps sur ta peau,
la chaleur d'une nuit d'été...

Tes mots,
ce n'est pas rien...
J'y vois de la beauté,
la saveur de tes pensées,
la tendresse de tes vers,
la douceur de tes rêves,
une lumière dans les ténèbres,
un arc-en-ciel de repos,
un sentier de lumière au milieu des fougères...

Ton regard,
ce n'est pas rien...
J'y vois un paysage immense,
des perles de brumes et de brouillards,
des grappes de clarté accrochées à un clocher,
la couleur des champs de blé ondulé par le vent,
le mélange parfumé des saisons,
un ciel de pleine lune,
un chemin vicinal au bord d'une rivière,
les frissons d'un coeur qui bat,
une maison blottie sur le flanc d'une colline,
des veillées enflammées au coin du feu,
des aubes transparentes,
des crépuscules sereins,
des colliers de souvenirs inoubliables,
les rides de la tendresse,
la pluie qui danse sur les carreaux en plein automne,
des brins de confidence,
les murmures des mystères de la vie,
les chochotis des secrets de l'amour
et l'ombre bienfaisante du sacré...

gérard

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"Aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d'écrire un poème"

Extrait de "L'Artiste" de Charles Beaudelaire