Souvent par peur des tristes ombres du soir,
On se refuse à s'avancer, au seuil de la nuit noire.
Pourtant il arrive qu'aux alentours de Minuit
Se lève comme en plein jour le Soleil de Midi.
Solitaire je m'embarque sur cette mer
Où les astres ont péri;
Où le ciel n'est qu'une plaie,
Une tâche cutanée d'un rouge violacé.
Quand planant au-dessus des vagues,
Paraît un aigle royal,
Semant sur son passage
Toute une nuée d'étoiles...
Quel est ce soupir ?
C'est Ma grand-voile qui se déchire.
Mes mauvais rêves ont fui
Vers des horizons infinis,
Et peu à peu, je comprends
Que c'est le début du printemps.
Sur les flots, le Soleil
Déverse sa gaieté.
Toute tristesse est veine,
Toute amertume, mort-née.
Je vois dans cet astre d'or
Qui couvre même mes regrets,
Le plus beau des sémaphores,
Une étincelle d'éternité.
Même les yeux fermés,
Le monde ne cesse de briller,
Et les nuages ont la saveur
De mes étés passés.
Je laisse mes pensées
Filer entre mes doigts
Et le silence se fait
Au plus profond de moi.
Ma barque enfin libérée
Des ombres tourmentées,
Court d'étoile en étoile,
Plonge et met les voiles.
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