La tirelire du Bon Dieu


J’ai connu des périodes où nulle amitié
Ne pouvait remplacer mes espoirs d’allégresse
Et aussi des amis avec qui partager
Ces pénibles moments de trop grande détresse.

Ceux-là n’avaient rien et subissant leur destin
Aux parvis des églises ils tendaient leurs mains
Espérant qu’en ces lieux qui louaient le Bon Dieu
Une aumône soudaine les rendrait heureux.

Hélas de monnaie ils n’en récupéraient point
Aux temples des dieux se proposaient les piécettes
Le culte avant eux avait déjà fait sa quête
Il fallait bien garnir du prêtre l’embonpoint.

Comme à l’élévation ils sortaient tête basse
Évitant du regard ceux qui avaient l’audace
D’implorer du secours pour nourrir leurs vieux chiens
Et quelquefois même parce qu’ils n’avaient rien.

Lorsque sur le parvis ne restaient que ces gueux
Quand la porte du temple claquait ses battants
La détresse se lisait au fond de leurs yeux
Dans le froid du matin ils étaient grelottants.

Et c’est là qu’un enfant au visage radieux
Revenant en arrière avec sa tirelire
En la jetant au sol dans un très grand sourire
De son cœur en morceaux fit sortir le Bon Dieu.


Chibani