PROSE BRUTALE
Le soir, à la nuit tombée
La ville se vide
La foule s’éparpille sans traîner
Les lumières s’éteignent
L’ambiance est perturbée
Les chats ont fuit sous les gouttières
Les portières ont claqué
Les terrasses des cafés sont fermées
Les derniers passants s’empressent de rentrer
Le noir sombre et épais s’installe
S’insinue dans les ruelles étroites
Aux pavés salis par la pisse et le vomi
Vestiges des soirées arrosées
Les corbeaux croissent du haut du clocher
Le gong de minuit retentit
Les âmes grises s’échauffent
Au loin, des tirades haineuses se répandent
Les manches se retroussent
Des embuscades silencieuses
Le combat peut commencer
Tel des bêtes enragées
Avide de cogner
Ils vont tout saccager
Veulent défendre leurs causes
Faire régner leur propre loi
Tous les prétextes sont acquis
Les battes sont sorties
Les couteaux à portée de main
Les poings serrés
La meute des loups
Violents, vulgaires
Qui n’en n’a rien à faire
A besoin de se défouler
Dans cette soirée ordinaire
Ils montrent les crocs
Vocifèrent
Bavent par terre
La cadence nocturne
Infernale et régulière
La lune Ă©claire le parvis
Le ring s’improvise sur le pavé
Des bris de glaces retentissent
Des pneus sont crevés
Une pancarte est déchirée
Tempo macabre et lugubre
Rythmé par la boxe des énervés
Les autorités ont déserté
L’agression peut commencer
La règle intériorisée
Leur unique réponse s’appelle la voracité
Avec leur unique champ lexical bestial
Ce soir la prose brutale est accentuée
Crachat en pleine gueule pour s’exprimer
Les coups de poings argumentent
Les coups de pieds conjugués
Et le coup de boule pour ponctuer
Un bras cassé, un poignet tordu
Une jambe arrachée
Un homme défiguré
Une femme violée
La meute des loups vulgaires et tortionnaires
Vient de passer
Trépas et dégâts
Ils ne connaissent que ça
Mutiler et casser
Ils ne pensent qu’à ça
Dur comme le fer
Brutal comme le métal
Mental d’acier
Envie de faire mal
Ambition de destruction
Violence Ă outrance
La masse innocente est scandalisée
Son lendemain blessé
Sa raison détraquée
Ses ambitions repoussées
Ses rêves handicapés
----------------
Jo l'enchanteur
fais confiance en la providence...