Que tu es belle l'eau, le matin au réveil
Claire, fraîche, limpide. Ton amant le soleil
S'empresse auprès de toi, vient te faire sa cour
De ses milles rayons il t'inonde d'amour.
Encore un peu dolente, par la nuit engourdie
Sa chaleur te ranime : tu sautes, tu bondis
Tu cours sur les galets, tu traverses le bois.
Attentif au bruits familiers, on perçoit
Ton rire cristallin, ta voix qui se fait douce
Le frôlement soyeux de ton corps sur la mousse
Tel le gazouillement du petit enfançon.
Comme je t'aime l'eau, quand tu deviens chanson.
Que tu es belle l'eau quand ta colère gronde.
Qu'est-elle devenue la source vagabonde ?
L'orage t'a violée...L'orage t'a salie...
Tu n'es plus que fureur ! tu n'es plus que furie !
Tu recouvres les champs,galopes dans les rues,
Arrache l'enfançon à sa mère éperdue,
Comme Attila jadis, la mort dans ton sillage
Tu brises et tu détruis, tu broies et tu saccages.
Puis enfin apaisée, tu regagnes tes rives
Dans un profond sommeil tu oublies ta dérive.
Nous te devons de vivre ! Nous te pardonnerons !
Je t'aime malgré toi, l'eau quand tu es démon.
Que tu es belle l'eau dans ton immensité!
Hier encore inconnue, aujourd'hui Majesté.
C'est le calme du soir; le jour à sa fin touche.
Ton époux, le soleil, te rejoint sur ta couche.
Orné de mille feux, de couleurs en mouvance
Le ciel s'est habillé de subtiles nuances
Et l'horizon flamboie de vos embrassements.
Les petites veilleuses s'allument au firmament.
La nuit tire un rideau de velours; il s'étale,
Dérobant à nos yeux votre union sidérale.
Dans le lointain, les vagues murmurent ta chanson
Comme je t'aime l'eau quand tu me fais frisson...
----------------
M.T.