Ils sont malheureux
Parce que trop vieux
Ils gardent leurs habitudes
Pour chasser la solitude
Ils survivent de souvenirs
Parce que sans avenir
Ils manquent d'amour
Parce que sans secours
Ils ont les pleurs faciles
Parce que fragiles
Ils sont frileux
Parce que peureux
Ils aiment la lumière
Par manque de chaleur
Ils vivent comme des moins que rien
Parce que perdu le lien
Ils aiment leurs petits-enfants
Parce qu'innocents
Mieux que leurs enfants
Parce qu'indifférents
A la tombée de la nuit
Ils s'ennuient
Se blottissent dans leur lit
Revoient leurs pages jaunies
Se rappellent Dieu
Deviennent pieux
Et attendent en silence
Avec grande patience
Leur délivrance
De ce bas monde où la souffrance
A beaucoup plus de chance
Que l'amour en pleine décadence
En se fiant au destin
Qui s'en chargera le moment opportun
Quel a été leur tort
Pour que nous rejetions leurs corps
Plus faibles que forts
Les livrant ainsi à leur propre sort
jusqu'Ã les rendre des croques morts
Parce qu'ils nous ont enfantés ?
Parce qu'ils nous ont trop aimés ?
Quel a été leur crime ?
Pour que nous commettions le crime
De rejeter la chair de notre chair
Qui nous est pourtant assez chère
Le gène de notre gène
Le sang de notre sang
Qui coulent dans nos veines
Et celles de nos enfants
Alors qu'ils nous ont enfantés
Alors qu'ils nous ont trop aimés
Ah ! Bêtise humaine
Garde tes pleurs
Pour toi même
Quand ils meurent
Car ton tour
Viendra un jour
Où vieux tu vivras
Et avec grande tristesse
Malheureux tu le seras.
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Celui qui éprouve du dégoût pour un arbre, ne doit pas profiter de son ombre.