Un temps de soliloque...
Un jour tu comprendras, le rythme des poèmes,
La course de ces fleuves et la mer tout au bout,
Les vagues sous les doigts et l'encre qui promène,
La poupe des bateaux au calme des remous...
Un jour tu comprendras, sur le fond des revers,
La trame des pâleurs où l'ardeur s'évanouit;
Sans plus de direction qu'un flacon solitaire,
Troublant dans ses liqueurs la pureté des oublis...
Un jour tu perceras l'arcane des contours,
Le souffle qui s'affole aux crachats de cent pluies:
Les pentes qui s'inclinent et l'ivresse au long cour,
Le frisson des virgules et les lignes affranchies...
Un jour tu perceras, au livre des rigueurs,
Le malin sur l'orgueil faisant fi des écrits,
Frappant l'exclamation sur le point des douleurs,
Clôturant les chapitres au terme des non-dits...
Un jour tu partiras, la déveine première,
Colorée des éclats aux mille profondeurs,
Là sans plus de question que des choeurs en lumières,
Des parfums distillés sur des fronts de blancheur...
Oui là tu partiras; le voeu lourd à la terre,
Gardant tous les malheurs des pages en dépits;
N'emportant de ces drames qu'un bouchon sur l'amer,
Qu'un gilet de sauvetage au large des survies...
Oui là tu couvriras, ce livre des matières,
Jonché d'inextricable et de voiles obscurcis;
Cachant tous les fossés redressant des frontières,
Conjuguant le meilleur au feu de mal en pis...
Un jour tu combleras, ces failles des persiennes,
Ces esprits qui n'ajournent qu'aux lames des replis
Ces jours qui se lamentent et passent en bleu de sienne,
Ces nuits qui s'insinuent en sombres ralentis...
Oui là tu comprendras, un jour à la bonne heure,
Les vases d'ecchymoses que les plantes déclinent,
Les noeuds serrant les liens des bouquets sur le coeur,
Les fleurs en déraison que les vents déracinent....
Oui là tu comprendras, sans doute, à la rigueur...
Les ombres et la poussière au centre de la vie;
Le chemin des cent croix, les bijoux sans valeur;
Qui n'ont jamais porté la candeur des habits...
----------------