Qu'attends tu donc là -bas ?
ô muse de mon cœur
sous ce triste et long drap
où l'on sait que tout meurt !
Je ne distingue qu'un voile
épais comme ton mystère
et je sais que le râle
entendu sous la mer
n'est rien d'autre que ta voix
maladroite et énigmatique
face à mon proche trépas
s'annonçant follement chaotique.
Il y a des nuits étranges
où mon âme s'inonde
dans une de ses granges
anéanti par l'immonde
Et durant mes mièvres rêves
j'aperçois ton image
semblable aux blancs nuages
qui jamais ne s'achèvent !
C'est au début du printemps
sous les joies et les chants
que les roses orangées
dans leur vêtement de fée
m'écartèle les membres
et m'extirpent de ma chambre.
Sur un banc, j'admire
l'eau du lac jaunis
décrivant quelques plis
comme un soudain soupir.
Hélas, dans les profondeurs
le silence m'assassine
pour rafraîchir l'horreur
que mon esprit dessine.
Dis, où te cache tu , toi ?
ô muse de mon cœur
Il ne manque que tes pas
pour refleurir mes heures !
Et si ma gorge s'enchaîne
lorsque ton front s'absente
C'est que j'ai de la peine
à te voir si méfiante !
O muse rougeâtre de tous ces pays chauds
Présente moi enfin les saveurs de ta peau
et fait de mon corps rigidement morose
un instrument, un sourire, une rose !
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... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?