Quelle cacophonie !
On ne peut plus s’entendre dans ce charivari !
Mes esprits s’éparpillent, mon âme est déchaînée,
Je file comme une anguille au cours d’eau éclairé.
OĂą Ă©tiez-vous, mes tendres ?
Je vous avais perdus, n’arrivant plus à entendre
Les couleurs de vos miels,
Et vous voilĂ enfin, magiques, sans pareils,
Assagis et dociles
Sous ma plume facile.
Que c’est bon de vous sentir,
Telle brise océane,
Respirant la beauté, peuple bon et diaphane,
Vous coucher Ă mes rĂŞves
Et me créer de glèbe.
Vous me modelez, argile, de vos miroirs graciles,
Vous me portez, fragile, de vos mains si tactiles.
Je suis en renaissance, je revis, papillonne,
Espérance et soleil d’une terre qui tonne,
Car vos orages n’ont d’égal que mes vents apaisés,
Aquilins au repos tels fardeaux déposés.
Me voilà libre, déliée, écureuil de ma vie,
Sautant de branche en branche, rivière au saut du lit.
Mon âme s’encanaille au péril de mes nuits,
Oh, qu’il est bon de vivre lorsque la peine a fui.
Par pitié, ne me laissez plus jamais seule,
Demeurez, obstinés, ne prenez plus la mouche,
PrĂŞtez-moi votre plume au milieu des fracas,
Je vous promets la lune si Pierrot ne veut pas !
Il a suffi d’un signe dans la diachromie des cœurs
Pour que l’encre s’évade, coquine et délurée,
Et au colin-maillard des espérances folles
Je joue à chat perché, comptant des fariboles
Sans mĂŞme me cacher, envahie, Ă©panouie,
DĂ©versant au torrent mon moulin Ă paroles,
Ruisselette amoureuse et poétesse folle.
Je vous garde, promis, je ne vous quitte plus !
Vous les ocres Ă©clatants et toi ma source vive,
Nous peindrons des préludes et pincerons des bleus,
Encordés enlacés tendrement amoureux,
Et toi le grand poète qui libéra un peuple,
Je te nomme gardien, ami et du bonheur prophète.
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