Ils arpentent la ville, ont le regard brûlant
La démarche hésitante et les gestes apeurés
L'hiver, le vent du Nord les trouve grelottants
Abrités sous les porches, blottis dans les fourrés
Des mains compatissantes leur offrent des tricots
Qui réchauffent leur coeur, lui qui a toujours froid
La mer berce leur espérance, comme un écho
Le sable fin des dunes leur file entre les doigts
Certains, en cette jungle, deviennent prédateurs
C'est la loi du plus fort, les règlements de comptes
Ce sont des proies faciles qu'abusent des passeurs
Les rêves qui s'écroulent, le désespoir qui monte
Ils prennent tous les risques, et beaucoup en sont morts
L'Angleterre si proche est leur Eldorado
Sous les camions glissés, conjuguant leurs efforts
Pour franchir le tunnel vers un monde nouveau
Et nous sommes gênés, notre bonheur tranquille
Semble démesuré face à leur dénuement
Migrants déterminés, en quête d'une autre île
Condamnés à la fuite, pareils au Juif errant
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Ouvrez l'oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge. (Nimier)