Taedium Vitae (*)
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Jamais je n’ai pensé qu’un jour je serais l’être
Que je suis devenu à mon corps défendant
J’ai le cœur terrassé, je mate la fenêtre,
Et dans mon regard nu se battent des enfants.
Le jardin se dépouille de son feuillage d’or
Les arbres démaquillent tout le vert de leurs yeux
Et la pluie qui les mouille pour adoucir leur sort
Se cache dans la nuit pour Ă©pargner les cieux.
Je me souviens qu’hier j’avais à peine d’âge,
J’éclatais mes poumons en rires débridés,
Je mordais la poussière, déchirais mon visage,
En guise de leçon juste avant le fouet.
Et vint la prétentaine, l’amour dans son corset,
Mes paroles étaient vaines et surtout insensées,
Je manquais de sagesse et de concentration,
Je vivais ma jeunesse et ses aberrations.
Et le rire s’efface gommé par l’habitude
Fondu comme une glace au goût de solitude,
Et le temps qui vieillit ne trouve plus ses billes
Ni ses démentes nuits, ses lampions et ses filles.
Au jour d’hui je le sais le temps va disparaître
Et va me libérer pour me faire renaître
Dans des ailes d’oiseau, dans le bois d’un bouleau,
Dans le corps d’un roseau, dans le son d’un écho.
(*) Taedium Vitae = désenchantement , spleen...
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“L'homme est un animal domestique, l'animal est un homme libre” (Shovnigorath)