Marcher à pas lents le long des couloirs.
Confisquer le temps, le rendre illusoire.
Retenir l'instant, garder en mémoire
Les plus beaux moments du matin au soir.
De Ménilmontant jusqu'à Saint-Lazare,
Je garde mon rang, attends le départ
Du train qui m'attend. Je suis en retard.
Je n'ai plus le temps. Je sens… Je m'égare.
J'embarque à présent dans le tortillard.
J'observe les gens, croise leurs regards.
Au milieu du banc, je la vois s'asseoir.
L'éblouissement que ses grands yeux noirs
Renvoient sont autant de feux, de pétards
Qui au firmament éclairent le soir.
Solitairement, elle a peu d'égard
Pour mes mouvements de sens giratoire.
Par ballotements piètrement bizarres,
Je m'aventure en caressant l'espoir
De, chemin faisant, près d'elle, m'asseoir.
Subrepticement, affectant de voir
La somme de gens répandus, épars,
Je pris tout mon temps pour apercevoir
Son vêtement blanc de couleur ivoire
Ainsi que ses gants. Le néon blafard
Faisait briller en elle comme un phare
Sur un océan la splendide gloire
De son teint souriant. Lisant un polar,
Peut-être un roman, elle maniait l'art
Du balancement de ses pages par
Des gestes élégants. Cependant, savoir
Tous ces jours d'antan, son nom, son histoire
Devenait brulant. Soudain, par hasard,
De vifs secouements du train font échoir
Au pied de son banc son soyeux foulard.
Tout en me baissant, je tendis le foulard
Et me présentant...
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Essayons d'être heureux, ne serait ce que pour donner l'exemple.