Mes mots vous sont peut-être adressés, à vous seul,
Vous qui régissez mes plus tendres cauchemars;
Dans les temps où le lit d'amour n'est que linceul
Je ne vous vois plus qu'à travers ces traînées noires.
J'ai délaissé mon cœur, ailleurs, dans ces rues sales,
Dans ces nuits, vous l'avez vu, où j'avais si mal;
Et je pleure encore en écrivant quelques vers
Qui, finalement, ne seront pas là pour vous plaire.
J'ai écrit trop de fois à l'Amour sans savoir
S'il m'entendrait un jour. J'ai rêvé qu'une nuit
Il vienne à moi, traverse l'ombre du miroir,
Qu'il m'enlace et me dise « C'est enfin fini »...
Je vous ai écrit trop de fois en anonyme,
Peureuse d'une négation, de ces abîmes.
Courageuse, j'ai accepté ce doux venin
Qui s'est infusé discrètement en mon sein.
Ces mots vous sont peut-être adressés, ma chimère,
Je ne veux seulement pas vous être explicite;
Même si l'Ange devait m'accorder l'Enfer,
Je vous aurai vu amant, plaisir illicite.
13.10.18
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