Une prison à Noiseau (suite)
(avec quelques empreints à La conscience de Victor Hugo)

En jugeant inutile et même inopportune
Toute démarche auprès des élus de commune,
Une ministre ayant en charge la justice
Déclara que Noiseau était le lieu propice
Pour héberger tout ceux qui sont sans foi ni loi
Et qui dans le pays ne marche pas tout droit.

Elle dit : Il nous faut une enceinte de tours
Si terrible que rien ne puisse approcher d'elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Ses murs et ses fossés, ses barbelés autour.

Lors, l'état agissant en tant que souverain
Sans état d'âme aucun dit à Tubalcain
De construire une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu'il travaillait, ses sbires dans la plaine
Chassaient les Noiséens criant à perdre haleine.
On coula du béton surarmé de gros fers,
Et la ville sembla une ville d'enfer.
L'ombre des tours faisait la nuit sur las campagnes.
Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes.
Sur la porte on grava : Défense à Dieu d'entrer.
Puis, quand on eut fini de clore et de murer,
De poser le grillage et le dernier barreau,
Dans un dernier adieu a disparu Noiseau.