Il marche, cigarette vissée entre les dents,
Les trottoirs s’éternisent sous ses semelles,
L’enveloppe de la nuit endommage le blanc
D’une lune, pourtant si belle en habit d’argent.

Les graffitis ont déguisés les murs,
Asphalte et béton ont dévoré la nature,
Les fumées nauséabondes des voitures
Forment un dôme, au-dessus des toitures.

L’homme parcourt une des rues sans nom
De cette ville, ou plus aucune des maisons,
N’a résisté à la réorganisation du quartier,
ZAC, ZUP, voie express et voies ferrées…

Au-dessus de cette rue à la lumière blême,
Des armées d’avions infligent des zébrures
Au pauvre ciel, en tapissant la voûte azur
De dessins abstraits sur fond d’hachélème…

Sous ce ciel de peinture tristement panaché
Il continue, seul, comme une bête traquée,
Sans arrêter d’avancer, il tente d’imaginer,
Que personne, n'en veut à son porte-monnaie.

Tête basse, il suit les lignes de son ombre
A chaque pas, la rue devient plus sombre
Il est trop seul, enfin c’est ce qu’il croit
Pourtant… la peur accompagne ses pas!