Il est tard, je le sais, pour faire connaissance…
Si je t'écris ce soir, c'est qu'un mal d'existence
Désigne une présence dans mon esprit confus
Qui semble, d'insistance, me réclamer son dû.

Avant que l'on me damne dans le compte à rebours
Je voudrais que tu saches qu'il est depuis toujours,
Aux choses misérables ou veules que je fis,
De ces valeurs infimes que je dois à tes cris.

Ce fût cette arrogance d'une fille distante,
Immolant sans égards une passion naissante,
Quand elle ne m'a laissé ni haine ni rancœur
Mais l'étonnant désir d'ouvrir encore mon cœur.

Ce fût d'avoir vécu d'égoïsme tranquille,
Assemblant çà et là des richesses futiles,
Et qu'il me vienne enfin le tempo d'une danse
A la geste attendue par un être en souffrance.

Il y eut ces années bercées d'insignifiances,
Les projets, les amours bradés aux circonstances,
C'est aujourd'hui, peut-être… bien sûr, devrais-je dire
Que le fait de t'écrire leur offre un avenir.

Tu diras que la mort qui guette mon passage
Rappelle à la conscience que l'âme est un rivage
Et qu'il est encore temps d'adresser mes prières
Vers l'au-delà qu'on dit être ton cimetière.

Je préfère ce soir, s'il n'est pas le dernier,
M'offrir à ton dessein, seul en ma nudité,
En espérer de toi les doux yeux de Chimène
Et, couvrant d'arc-en-en-ciel, le gris d'un ciel de traîne…

…Te savoir d'un après, la plus belle des fées…