Il fait si froid dehors
Qu’enfouie dans mon bourgeon,
Pliée comme un ressort,
Je trouve qu’il y a du bon
A rester là blottie,
Attendant le soleil
Au printemps qui grandit
Pour saluer mon éveil.

Je déploie mes nervures,
De jaune, je verdis,
Dans la vie qui murmure
Me voilà qui grandit,
Accrochée à ma branche
En haut de mon platane
D’où quand le vent me penche
J’aperçois la campagne.

L’espace est mon domaine.
Je côtoie des oiseaux
Qui chantent à perdre haleine
Perchés sur les rameaux.
La chaleur du soleil
Et le froid de la pluie
Cadencent mes réveils
Et mes rêves endormis.

Dans le chaud de l’été
Parfois manque la sève.
Tout en ocre teintées
Les plus faibles achèvent
Une vie courte et belle,
Dans un souffle d’orage
Qui les chahute au ciel
Avant d’autres outrages.

Puis voilà que l’automne
S’impose sur l’été,
Que les jours frissonnent
De voir leur temps compté,
Que le moment approche
Où je devrais tomber,
Sur ce sol si proche
Tout de feuilles jonchées.

Comme mes feuilles-sœurs
Juste avant de chuter
J’ajoute des couleurs
A mon prêt-à-porter,
Dans l’espoir de finir,
Elue Miss Toussaint,
La feuille qu’on admire
Dans la main d’un gamin.