Douce femelle tu ne sais rien de mâles humains,
Je vais donc t'expliquer ce que je sais bien,
Ce n'est pas qu'ils te mentent avec leurs belles paroles,
C'est surtout à eux qu'ils font du tort ces drôles.
Ils mentent en effet plus à eux-mêmes,
Et sont sincères lorsqu'ils disent qu'ils t'aiment.
Mais sache qu'ils sont en amour limités,
Voire un tantinet compliqués.
Ils t'idéalisent de prime abord
Mais le plus fort encore,
C'est qu'ils se trompent sur ton rôle auprès d'eux,
Pute et sainte, ils veulent les deux.
Plus encore, ils t'imaginent,
À la fois mère et enfant, bref divine,
Seuls les plus vieux d'entre eux,
Parviennent à user un peu mieux.
De leurs maigres facultés,
Et peuvent ainsi t'aimer,
Comme tu le voudrais,
Pour toi et pas un reflet.
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L'homme est le rêve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).